La rencontre qui m'a le plus impressionné

[Gilcha]

Bonjour
Nous venions juste de trouver une belle place en pleine forêt ,sous les cèdres de l'Atlas,quand on voit passer sur la route à une vingtaine de mètres de notre c.car, un groupe d'hommes,dont un vient aussitôt vers nous.Il s'exprime dans un très bon français.
Il m'explique en me montrant une "caravane "de 6 bourricots,(dont 1 portait 2 hommes,l'un soutenant l'autre),qu'ils rejoignaient le prochain croisement en espérant y trouver un taxi,pour transporter à l'hopital de Kénifra,son fils gravement malade.
Effectivement,sur le bourricot porteur,il y avait un homme (34 ans )livide et comme endormi,soutenu par un autre en pleine force.En fait,les 6 bourricots étaient pour la relève,qui devait s'effectuer souvent vu la taille et le poids de la charge.Tous ceux du douar avaient été mis à contribution
Etant loin de tout,on savait que si un taxi(grand) venait à passer,il était fort probable qu'il soit plein,ne partant en général qu'à cette condition.
Alors,on replit tout ce qui était déballé (on se préparait à manger),on "décale" puis on installe avec un peu d'émois le moribond sur notre lit.
Le père,ancien combattant de notre armée,et un de ses autres fils montent avec nous.Direction l'hopital directement,où en arrivant on fait ouvrir le portail afin de se rapprocher au plus près du batiment.
Le moribond est pris en charge par le service médical,et le pére nous demande de retourner chez lui,accompagné par son fils parlant très bien le français.(il s'avèrera que seuls lui et le pére s'exprime dans notre langue)
Demi tour.On repasse vers l'endroit où on pensait rester la nuit,mais il a fallu faire pas mal de km,quand notre accompagnateur nous demande de s'arrêter et de se garer à proximité de la route.On se demande où on est,il n'y a que de la forêt et quelques prairies,sans aucune maison visible.
On nous explique que le douar est à 30mn de marche,et qu'il faut prendre le sentier des chèvres pour l'atteindre.
Avec le gars,on prend le temps d'avaler quelques chose et nous voilà partis pour le douar,laissant notre véhicule seul,en pleine campagne.
Effectivement 30 mn plus tard,on atteint le village,qui ne comporte que quelques petis batiments d'une seule piéce(le salon) construits en maçonnerie,par les plus fortunés.Mais tous habitent dans des huttes faites de branchages,recouverts de bâche plastique(A suivre)

[jaje 13]

Salut Gilcha,

Ne nous fait pas trop languir pour la suite de ce qui me parait être une très belle histoire , de celles qui fait bon vivre. J'attend.............presto Jean

[Gilcha]

Suite
Tout en nous présentant à sa mére,Meidi (on va appeler comme cela le fils qui nous a amené)demande à un autre frère de partir garder notre c.car.Il se fait tard,et on ne reste juste que le temps d'un thé,avant de s'en retourner,accompagné par Meidi.
L'année suivante,je décide de retourner dans ce village,loin de tout.Je me souvenais qu'on avait passé la nuit,près d'un puits abandonné que je retrouve facilement et où je me gare à nouveau.De bonne heure le matin,je reprend le sentier des chèvres.Mais un heure plus tard,pas de douar en vue,mais il y a une vraie maison isolée.Quand je m'en approche,un chien vient à ma rencontre,aboyant fortement et me montrant les dents.Je tiens fermement mon bâton et ne bouge plus.Un gars,Hassan, vient alors à ma rencontre,éloigne le chien et manifeste sa surprise de me trouver ici.Lui aussi parle le français,une chance.Il m'améne dans la maison,où sa soeur nous a déja préparé le thé et un oeuf.J'explique le but de ma présence et Hassan me répond que je suis à 1h et demie de ma destination initiale.Il connait Meidi,avec qui il est allé au collège de Kénifra,d'où son bon français.Il me dit,que dans les familles pauvres,seul un fils est poussé aux études,afin de pouvoir ensuite trouver un bon travail lui permettant à son tour d'aider financiérement la famille.Je lui demande de m'emmener,ce qu'il refuse,voulant plutôt que ce soit avec un autre frère ,mais avec qui il sera impossible de dialoguer.Avec mon insistance il finira par accepter de venir avec moi.Nous voilà partis et on arrive au village de Meidi.Je comprend alors la réticence d'Hassan pour ne pas m'amener ici.Meidi a une soeur du même age que lui ! C'était l'heure du repas,et les 3 oeufs qui étaient prêts on été partagés en 5,puis en 6,un parent s'étend joint au groupe.Meidi m'apprend que son frère est mort 4 jours aprés son entré à l'hopital.On va ensemble sur sa tombe et on fait le tour du douar,relié à aucune piste.Il n'y a que quelques pièces individuelles en dur à usage de salon et où sont entreposées les maigres richesses de la famille,les gens vivants dans leurs huttes.Pour l'occasion,j''avais apporté une solide bâche transparente .
Sinon,à part sa particularité et son isolement ,il n'y avait rien de remarquable,sauf de grosses sources d'eau salée ,mais Meidi me dit que dans un endroit sableux,où il n'a pas voulu qu'on aille,il y avait des squelettes d'homme très très grands.
Ne l'ayant pas vu,je demande où est son pére.A Bordeaux,me répond t'il.Tous les 6 mois,il va y chercher sa pension militaire,qu'il est sûr alors de toucher dans son intégralité.
Il m'explique,qu'au Maroc,à chaque étape les gens se servent au passage,et qu'en bout de ligne,il ne reste plus beaucoup d'argent;donc c'est plus bénéfique d'aller récupérer sa pension à la source.C'est la 2iéme fois qu'on me parle de cette pratique,et je comprend pourquoi,des anciens soldats marocains de l'armée française ne touchaient rien .Et puis j'apprend que le douar n'est pas desservi par la Poste,et que tout le courrier qui leur est destiné est envoyé à l'adresse d'un bar de Mrirt,dont le patron est originaire du douar,et qu'au dos de l'enveloppe figure le nom du vrais destinataire.Le courrier est récupéré le jour du souk

[Sissou]

Bonjour

Là, tu peux dire que tu connais le Maroc car tu prends la peine d'aller au devant des habitants même les plus incacessibles.

De telles rencontres sont très enrichissantes car les personnes qui te reçoivent sont naturelles et n'attendent pas le petit cadeau. Elle te reçoivent avec leur coeur et sont touchées de ta visite.

De par mes actions au maroc j'e suis allée dans des douars isolés et les gens disaient
"merci d'avoir traversé la mer pour venir nous voir" . Ayant eu l'occasion aussi d'aller au service pédiatrie de l'hopital de MK j'ai vu des mères qui venaient de très loin. Elles étaient venues en âne,grand taxi,bus avec leur enfant malade dans leur dos!

La rencontre avec ces habitants là enrichit chaque voyage.

Sissou

[jaje 13]

Bonjour à tous,

C'est ce que j'appelle des rencontres vrais et sauf exception qui ne ferait que confirmer la règle ce type de rencontre ne peut se faire que dans le "bled" loin des circuits "à touristes". Je n'ai jamais fait se type de rencontre mais Gilcha est presque"Marocain" il parcourt ce pays depuis 1973 , il a du en voir du changement.

[Soubise]

Merci Gilcha de nous partager ce petit morceau de la vie quotidienne de ces gents isolés de tout.
Cela me rappelle un peu ceux pour qui je dépose mes paquets de vêtements ou autres jouets ,dans les clairières de la forêt de Aïn Leu sur le plateau de la foret des cèdres .
Mais lorsqu'ils descendent prendre ces paquets que je leur laisse au bord de la route ,je remonte dans le camion ,de loin nous nous faisons de grands signes de la main.
Je n'ai pas pris contact avec eu ,j'ai préférer rester en retrait ,justement pour ne pas avoir à résister à leur invitation de partager le peu qu'ils ont.
Comme dans ton histoire ,leurs cabanes sont faites de branchages et de toiles plastique.
Comment est il possible ,dans l'histoire de la pension du pére ,que chacun au passage ,se serve sur la somme qui lui est due.
Amitiés.

[Gilcha]

Soubise
Effectivement ,l'endroit où se situe ma rencontre est dans la région d'AÏn-Leuh,où je suis passé en continuant ma route.

[Gilcha]

Autre rencontre
J'avais mes habitudes sur le surplomb dominant la plage de Tiboujaratine,où à marée basse,les familles d'Ichafouden venaient cueillir les moules qui étaient décortiquées sur place.J'en avais acheté,au premier pêcheur qui s'était présenté la premiére fois pour m'en vendre(20 Dh/kg prix 2010)
On avait fait connaissance,et chaque fois qu'il revenait,j'avais droit à un gros pain rond,(comerre:orthographe phonétique)qu'avait fait sa femme dans le support en terre sur lequel elle chauffait ses marmites.Au début je refusais,lui montrant que j'avais du pain frais que m'apportait chaque matin un boulanger qui livrait dans les boutiques des alentours.Ne parlant pas le français,il me faisait comprendre qu'il fallait alors lui donner le pain du boulanger et prendre le sien
Puis,les lundis,jour du souk de Mirleft,je l'attendais pour qu'on y aille et qu'on s'en revienne ensemble en c.car,car il y allait à pied.Mais la premiére fois j'ai voulu le ramener chez-lui,mais il m'a fait stopper au croisement de la route et d'une piste par laquelle il a continué.
Les autres fois,j'avais droit en arrivant vers moi,à des légumes frais de son jardin(navets, radis et petits pois ).
Mais une année suivante,retrouvant Tiboujaratine,on m'apprend que mon copain était mort (41 ans)d'un cancer de l'estomac.Mais le "téléphone arabe" fonctionnant toujours bien,deux jours aprés,je vois une dame,accompagnée de son fils .Je reconnais celui-ci.C'était la veuve de mon copain,que je n'avais jamais rencontrée,coutumes locales obligeant,qui était venu spécialement m'apporter un pain ,tout comme son mari les années précédantes.Quand je vous dirais que plus tard,quand je suis allé la premiére fois dans son village ,j'ai mis 1h 15 mn pour l'atteindre, obligatoirement à pied,tant la piste est défoncée .Elle m'avait dédié une 1/2 journée,en signe d'accueil.
Étant veuve,j'ai pu lui rendre visite chez elle,cette condition le permettant.Elle m'a permis de faire plein de photos d'elle et de sa famille.
J'en profite pour vous signaler si nécessaire,que si vous obtenez ce droit de photos,IL NE FAUT ABSOLUMENT PAS les montrer aux autres personnes locales.Lors d'une fête dans ce village,un homme qui en était originaire,l'avait filmée et plus tard montré les séquences.Le lendemain,les maris ont pénétré dans la maison où résidait le "cinéaste amateur",et ont exigé la cassette qu'ils ont détruite.
Depuis,à chaque premiére fois de l'année où on se retrouve aprés sa pêche aux moules,reconnaisant mon c.car,elle vient toujours m'offrir une part de sa récolte
Inutile de vous dire qu'elle retourne chez elle avec plein de choses utiles,apportées pour sa famille .Mais elle ne m'a jamais rien demandé
Depuis 2008,les gendarmes nous interdisent formellement de rester la nuit à Tiboujaratine,comme on avait l'habitude de le faire,avec le prétexte que les gens du coin étaient dangereux !!!
Petite précision peut-être nécessaire:je vais au Maroc avec mon épouse

[Sissou]

Bonjour

Espérons que cette femme n'a pas de problèmes avec les autres familles du village. Je suis même étonnée que vous ayez pu rentrer chez cette femme sans la présence d'un homme de la famille ou du village.

Dans les douars il y a beaucoup de jalousies. Tout se sait et tout se voit.

Et si vous donnez à une famille en particulier il est possible que les autres familles engagent des pressions sur cette famille et l'embêtent. Raison pour laquelle il faut être très discret lorque l'on apporte quelque chose à une famille.

Pour nous, une telle attitude est incompréhensible mais il faut faire avec leur mentalité. Le fait de ne plus pouvoir stationner la nuit n'est peut être pas un hasard!

Sissou

[helen]

bonjour a tous

bonjour gilcha,je pense qu'on cest rencontré du coté de mirlef
en janvier 2008 et qu on a pris le café dans ton cc avec nos épouses
si c est le cas,tu avais creusé un trou pour caller ton camion.Dis moi
si je me trompe

amitiés----------------helen

[Gilcha]

Sissou
Cette femme étant veuve,beaucoup de régles changent.Il me semble bien avoir précisé qu'avant cette situation,je ne l'avais jamais rencontrée de près,mais seulement aperçue de loin.
Chaque fois ,j'étais avec mon épouse,et elle avec sa famille avec qui elle vit(enfants ou frères ou soeurs).
Par contre ,des copains du douar qui m'accompagnaient jusqu'à sa maison,n'y ont jamais pénétré,mais les filles de la maison en profitaient pour essayer de se montrer,sans en avoir l'air.
D'autres fois,j'étais dans une autre famille du village,et cette dame veuve,nous faisait savoir qu'elle nous attendait également.
Si il y avait eu le moindre probléme,je suis sûr et certain que Lacenh ou Hassan nous en auraient informé
Dans combien de famille,nous n'avons pu rencontrer l'épouse qu'une fois tous les hommes marocains partis(mari ayant l'habitude de fréquenter les Européens)
Mais une fois,(ailleurs,dans les montagnes du Souss)on répondait à l'invitation d'un homme,pour un couscous.Au repas,il y avait mon épouse, les 2 instituteurs du douar,servant d'interpréte et le mari.Pendant que ma femme rendait visite à celle de la maison,j'en profitais pour faire demander la raison de l'invitation<<C'est parce que tu as offert des affaires à ma femme>> a t'il répondu.Il savait donc trés bien que je l'avais vue,sa femme!
Chaque fois que nous sommes allés dans ce coin,on ne pouvait rester qu'au col (1300m)qui surplombait le village,innacessible en c.car,et à 15 mn de marche environ.La 3iéme fois,à condition qu'il n'y ai que nous,les femmes qui venaient à notre rencontre(car elles savaient qu'on arrivait avec des choses pour elles,particuliérement des gants en cuir dont elles avaient grandement besoin pour arracher les plantes dont elles se servaient pour le feu ou l'alimentation de la vache qui ne sortait jamais de son étable)ouvraient leur voile.
Quant au fait de ne plus pouvoir rester seul la nuit,ce n'est pas un hasard,mais une réglementation officielle que certaines autorités manipulent suivant des critéres trés élastiques.Là aussi,je pourrais en raconter des chapitres,ne pratiquant que le camping libre.

[Gilcha]

Helen
Content de se retrouver sur ce forum
C'est exactement cela.On s'était fait un café ensemble,et te souviens tu,comme tu étais du 13,on t'avait demandé de voir le morceau de requin que j'avais acheté au marché des Amicales à Tiznit.Le lendemain,on l'a mangé sans probléme.Par contre le morceau de raie,qu'on ne t'avait pas montré car il ne sentait pas alors,s'est avéré traffiqué à l'amoniac par le vendeur(raconté dans un autre message)
Cette année,c'est Tiboujaratine en Savoie(petits pb de santé)
Gilbert

[helen]

gilbert

moi aussi,content j avais reconnu ton style au fil de tes annecdotes j espere que
tes problemes de santé vont s arranger,en tous cas je te souhaite un prompt
rétablissement mes amitiés a madame,je te doit une tournée,j'espere pouvoir
te la rendre un de ces jours
amities-----------------helen