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Conte : Le Pauvre et le Chien

Posté : 11 juil. 2011, 12:07
par candide
Le Pauvre et le Chien

Il y avait un boucher qui vendait de la viande au marché. Un pauvre homme vint lui en acheter. Pendant qu'on le servait, un chien se mit à aboyer devant la boutique et le boucher prit un gros os, le lui lança sur la tête et lui fit une grosse blessure d'où le sang s'échappa abondamment. Alors le pauvre prit son turban et pansa la tête du chien, puis l'homme et le chien partirent chacun de leur côté.

A quelques jours de là, le pauvre,vêtu de sa derbâla (manteau rapiécé), un bâton à la main, marchait devant lui, dans la solitude pour gagner un autre pays. Il rencontra un jeune homme qui lui dit : "Ami, où vas-tu? Comment te portes-tu depuis notre dernière rencontre? - Je ne te connais pas, dit l'homme. -Mais moi,je te connais fort bien. Je suis le chien dont tu as pansé la tête quand le boucher m'a blessé en me jetant un os. Comme tu as été bon pour moi, je t'emmène dans mon palais."

Il lui fit fermer les yeux, ouvrir les yeux, et le pauvre se trouva dans un palais où les richesses s'entassaient sur les richesses. Ils déjeunèrent ensemble et le pauvre voulut s'en aller. Mais le génie lui dit : "L"hospitalité du Prophète est de trois jours, je te garderai donc trois jours auprès de moi."

Le troisième jour, la jenniya, mère du génie, lui dit : "il faut que tu m'amènes ce pauvre pour que je le comble de richesses." Le génie alla chercher le pauvre et, en chemin, lui conseilla de ne rien demander comme richesse, mais seulement le chandelier dans lequel sa mère avait brûlé un cierge le jour de sa naissance. Elle le lui donna. C'était un chandelier à sept branches. Elle lui dit :"Va chez toi; place ce chandelier dans ta chambre et mets dans chaque branche une chandelle que tu achèteras une mouzoûna (un centime environ); tu nettoieras ta chambre; tu brûleras de l'encens et tu verras ce que tu verras."

Le pauvre emporta le chandelier, y mit les sept chandelles, les alluma après avoir préparé sa chambre et vit apparaître sept jeunes filles portant chacune sur la tête une corbeille remplie d'or. Elles déposèrent les corbeilles, s'amusèrent, chantèrent et dansèrent toute la nuit et, le matin, disparurent en lui laissant les corbeilles remplies d'or.
Et chaque jour il en fut ainsi jusqu'à ce que les voisins s'inquiètent de la fortune du nouveau riche et allèrent raconter au Roi qu'il avait certainement dû voler le trésor de l'Etat. le Roi envoya des gardes qui l'appréhendèrent et l'amenèrent en sa présence. Mais il se défendit et dit au Roi : "Je n'ai que ce que mon Destin m'a donné. Si tu veux, ce soir, je te le montrerai et tu t'en rendras compte." Le soir, il emporta le chandelier chez le Roi, alluma les sept chandelles; il en sortit sept jeunes filles avec des corbeilles d'or sur la tête et tout se passa comme d'habitude.

Le matin, le Roi lui dit : "C'est en effet ton Destin. Tu n'as rien volé." Et il le laissa partir avec son chandelier.

Conte recueilli par madame la doctoresse Légey
au début du vingtième siècle à Marrakech

Re: Conte : Le Pauvre et le Chien

Posté : 11 juil. 2011, 15:21
par Soubise
Merci Candide pour ce nouveau conte.
Un mot en ressort ,DESTIN et me rappelle certaines citations...

Si l'homme est maître de son destin ,il n'est pas maître du chemin qui y mène.

C'est le destin qui bat les cartes ,mais c'est nous qui avons le jeu en main...

On rencontre souvent son destin par les chemins pris pour l'éviter.

Lucien